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Essai Mercedes-AMG A 45 S : 421 ch dans la Classe A, ca donne quoi ?

04/08/2019

Parfois, on se demande à quoi sert cette incroyable course à la puissance, qui enfante des compactes aussi véloces que des supercars des années 2000. Puis on essaie la dernière Mercedes-AMG Classe A 45 S et la question disparaît. Définitivement.

AMG diabolise tout ce qui bouge ou plutôt, tout ce qui porte une étoile au bout du capot. La preuve ? Il est le seul à conserver un V8 biturbo sous le capot d’une discrète familiale (C 63 S), le seul à flanquer d’un mode Drift un break de 612 ch (E 63 S), le seul à transformer un 4x4 préhistorique en terreur des départs arrêtés (G 63).

Dans cette atypique -et incomplète- collection, un seul modèle constituait le vilain petit canard : la précédente A 45, seule AMG à quatre cylindres et un peu trop sage, en ligne droite comme en virages, pour mériter cette appellation. Un avis sûrement partagé par les sorciers d’Affalterbach, à l’heure de plancher sur son renouvellement… 

 

De la Mercedes Classe A à l’AMG A 45 S

Ainsi, la nouvelle Classe A 45 est issue d’une feuille blanche. Comme le prouve son nouveau bloc 2.0 à quatre cylindres en alu, monté et signé à la main, à turbo double étage soufflant à 2,1 bars, à admission variable côté échappement, auteur de la puissance et du couple spécifiques les plus élevés au monde (plus de 210 ch et 250 Nm au litre !). Même aspect inédit pour sa caisse copieusement renforcée, sa suspension pilotée adaptative, sa direction paramétrique, sa boîte à double embrayage et huit rapports.

Le point d’orgue de ce renouvellement concerne toutefois la transmission 4Matic+, plus seulement capable d’envoyer 50% du couple vers l’essieu arrière. Grâce à son nouveau différentiel arrière à embrayages multidisques, elle peut aussi répartir le couple entre les roues arrière droite et gauche de 0 à 100%. Une technique similaire à celle de la précédente (et géniale) Ford Focus RS, qui promet des sensations bien différentes de celle d’une « simple » A 35 de 306 ch.

Au volant de la Mercedes-AMG A 45 S

Nous venons d’effacer 50 km de route de montagne en Mercedes-AMG A 45 S et, au risque de briser prématurément le suspense, cette bestiole devient l’une des meilleures sportives compactes de la planète. Son moteur ? Un morceau de choix : docile à bas régime puis subitement explosif, mêlant coup de pied aux fesses à 3 000 tr/min, nouveaux regains de poussée à mi-régime puis belle constance jusqu’au rupteur placé à 7 200 tr/min. Enjolivée des habituels « blop-blop » à la décélération ou la montée des rapports, la sonorité se montre bien plus naturelle que celle des autres 4 cylindres du marché, car réellement captée à l’échappement avant d’être amplifiée par les haut-parleurs.

Son châssis ? Aussi jouissif qu’atypique. Sérieuse en entrée d’épingles, la Classe A se transforme une nouvelle fois, en sortie : quand une GTI classique nécessite de lâcher l’accélérateur si le virage se referme pour faire pivoter son train arrière (et l’aider à tourner), on peut à l’inverse surbraquer ET accélérer en Classe A, qui transfère alors le couple à la roue arrière extérieure et fait enrouler l’auto dans une subtile posture de propulsion, la motricité en plus !

Plus sensible en mode Sport et Race, cette attitude n’a rien de caricaturale mais peut le devenir en mode Drift, qui amplifie le phénomène afin d’enchaîner les tours de ronds-points façon Ken Block, ou presque : mieux vaut ne pas contrebraquer pour éviter le report de puissance vers l’avant, ni prendre trop de vitesse qui finit par attirer les 1 635 kg de la Classe A vers l’extérieur.

"La Classe A 45 S adopte enfin le grain de folie typique des augustes modèles AMG. On adore !"

Cette retenue paye aussi sur circuit et en descente de col, où le poids se fait sentir en entrée de virages, ou après des freinages répétés qui font s’évanouir le joli mordant initial. Rien d’alarmant vu les conditions d’essai (température supérieure à 40°C) et le refus fréquent, pour la boîte robotisée, de rétrograder trop hâtivement : l’étagement, tout sauf rapproché, crée des « trous » importants entre chaque rapport.

Pas de quoi entamer le sourire au volant de cette facétieuse Classe A… qui sait aussi bercer son conducteur repu de conduite enlevée. En mode Confort et à condition d’aborder les gendarmes (couchés !) à doux rythme, l’A 45 AMG absorbe correctement les bosses, se manœuvre du bout des doigts dans les carrefours, coupe discrètement son moteur au feu rouge, égrène ses huit rapports avec la douceur d’un matou affamé.

Hormis quelques bruits de roulement venus des larges Michelin Pilot Sport 4, les longs trajets ne sont pas moins aimables, grâce à un moteur inaudible à 130 km/h et incroyablement sobre : à peine 8 l aux 100 km relevés à l’ordinateur de bord à cette allure, où la Classe A justifie enfin la longueur de ses rapports de boîte… L’A 45 est morte, vive l’A 45 S !

A bord de la Mercedes-AMG A 45 S

L'A 45 AMG récupère le spectaculaire poste de conduite des autres Classe A haut de gamme, et leur double écran de 10 pouces en enfilade. Elle y ajoute un volant en Alcantara, des placages en faux carbone et des surpiqûres colorées... probablement en option, en attendant les prix définitifs.

Concurrence et prix Mercedes-AMG A 45 S

Mercedes France n’importera pas la Classe A 45 « classique » de 387 ch. Uniquement cette A 45 S de 421 ch, qui surpasse d’emblée les deux seules autres « hyper GTI » du marché… Avec son mélodieux cinq cylindres 2.5 de 400 ch, l’Audi RS3 conserve la palme de la sonorité (quelle musique !) mais son comportement routier, surveillé par une sérieuse transmission Quattro, reste loin d’offrir les mêmes sensations en sortie de virages.

A l’inverse, la BMW M2 Compétition envoie ses 410 ch sur ses seules roues arrière et ravira les amateurs de conduite avec les fesses, aussi heureux de pouvoir choisir entre une boîte auto à huit rapports et une authentique boîte manuelle à six rapports. Reste à composer avec une suspension ferme au quotidien, et une architecture de coupé qui plaira autant aux épicuriens qu’elle rebutera les petites familles. A ce sujet, la Mercedes-AMG se décline aussi en CLA berline et bientôt, en CLA Shooting Brake. L’étoile est décidément en pleine forme. 

Bilan de l’essai Mercedes-AMG A 45 S

Après une première génération soufflant le chaud et le froid, la plus compacte des Mercedes-AMG s’est assurément reprise en alliant le meilleur 4 cylindres du marché (performances, sonorité) à une transmission facétieuse qui transfigure le sérieux équilibre en virages de la Classe A classique. Le plus bluffant est d’avoir réussi à conserver une telle polyvalence au quotidien… ce qui tombe bien car à 80 000 € malus compris, il est aussi possible de s’offrir deux -belles- voitures.

On aime

Les performances et la sonorité du moteur (pour un 4 cylindres)
La transmission 4Matic+ qui dynamise les sorties de virages
L’étonnant rapport performances/polyvalence

On regrette

L’étagement de boîte : premiers rapports très courts, suivants très longs
Le manque de ressenti dans la direction
Le prix, sûrement justifié, mais délirant pour une compacte

Source : L'argus

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